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8 juillet 2010 4 08 /07 /juillet /2010 00:02

Semaine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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3 mai 2010 1 03 /05 /mai /2010 07:00

 

Il est tard, CLN (*). Yeux ronds Platon me bade et me surveille vif tandis que j'écris mon texte à la cuiller, il guette le signal des croquettes, quand je vais soupirer et me défaire de cette inspiration qui me colle au bureau.

Socrate est là aussi, il dort tranquillement, laissant la veille à son frère de faction. Il est vautré sur un protège-cahier bleu pétrole à dix centimètre de mon bras. Il a l'air dolent des endormis, bercé par le cliquetis des touches que j'active au clavier.

Soudain, du coin de l'œil, je le vois saccader. Il frémit des vibrisses, sa patte tétanise en courtes crispations, la griffe de son pouce croche et biaise en saillie. Simultanément son œil libre parpalège, accroc, désordonné. Il n'est ni ouvert, ni fermé et laisse entr'apercevoir cette bizarrerie féline, la paupière interne et blanche qui l’aveugle.

... il rêve.

Mais à quoi rêve-t-il ?

 

Mi, lo sé.

Je n’en ai pas de mérite. Je le sais parce que, je dois l'avouer, j’ai souvent été chat autrefois : 

Chat noir, aussi noir que la conscience du monde, rôdeur des entrepôts désaffectés au port de Santander ; Siamois délicat et primé tout au début des années folles dans des concours de félidés ;  Chat de fenil, chasseur de rats au moulin de Mèstre Cornille ; Minette tricolore, stupéfiante danseuse, infatigable reine de favela à Rio ; célèbre Castra, bleu russe, à l'opéra de Vienne où je vivais avec un tas de petits rats ; Chaton lai, roux et zen, près d’un jeune Panchen-lama qui m'a longtemps gardé en affection ; Chatte maquerelle aux yeux verts, d'abord dans les bas fonds de Messine puis au Palais du Gouverneur.

Ma plus récente vie de chat, m'a vu matou de gouttière à Paris, régnant sur deux beaux arpents de toitures dans le quartier Latin, rue des Saints-Pères.

 

Voilà que j'ai dit ma faiblesse, ma part d'ombre, ma confusion... le voile levé sur les prémisses de mes neufs vies encore inachevées. Plus très loin du niveau nirvana le minet...

Mais ne l'ébruitez pas, ceci est un secret.

 

 

(*) CLN = C'est La Nuit

 

 

Écrit pour les Impromptus Littéraires

 

 

 

 

 

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19 avril 2010 1 19 /04 /avril /2010 07:00

 

 Quand je vis le menu déroulant du nouveau logiciel imposé par l’administration, je restai bouche bée. C'était du déroulant déroutant. Je me demandai combien d’éminents énarques, de géniaux ingénieurs et d’obscures petites mains avaient été mobilisés pour produire cet outil indispensable (mais dont-on s'était très bien passé jusqu’à présent), cette usine à gaz que j’installai néanmoins sur l’antique PC que nous avons acheté en réclame, il y a déjà fort longtemps, avec des sous péniblement économisés sur le budget de la coopé.

 

C’en fut trop pour la vieille bécane que nous utilisons pour épuiser nos tâches de secrétariat. A force de valider les items par de vibrants OK !!! OK !!! OK !!!!!! et de s'acharner sur les touches du Crissant Clavier, le programme ne répondit plus du tout et se planta lamentablement.

 

A son grand dam, la souris se trouva désespérément bloquée en plein milieu du menu, abandonnant de facto tout espoir d'atteindre l'hypothétique plateau de fromages.

 

 

Écrit pour les Impromptus Littéraires

 

 

 

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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 07:08

 

 Ce jour là, dans la cour de récréation on avait eu une bagarre. Une pour de vrai. Il faut dire que c'est plutôt rare d’en venir aux mains par chez nous, parce que dans le Midi, nous préférons mettre des gros mots au bout de nos poings pour régler nos différents. C'est pas bien joli à entendre mais en contrepartie ça occasionne moins d'ecchymoses…

Ainsi, dès sept ou huit ans, les enfants se "traitent" allégrement de noms d’oiseaux extrêmement fâcheux (que je ne peux pas même écrire ici, c’est vous dire !) dont ils ne comprennent pas vraiment le sens, sauf d’être sûr qu’il s’agit bien des ultimes injures à proférer, et qu’elles sont de bon aloi.

 

Mais il arrive parfois que le sang coule. Ce jour là un gamin du cours moyen avait eu maille à partir avec un de deuxième année. Ça avait commencé normalement, par des bourrades appuyées et des mots de mieux en mieux sentis puis ça avait tourné au vinaigre, à tel point que l'offensé avait confié ses lunettes à un copain en lui disant « Garde-moi ça, je vais lui coller un bourre pif à ce gros con ! »

Le petit myope était plutôt du genre fluet, et de par le fait, le gros con nettement plus fort que lui ; cela fit qu'au final le nez sanguinolent ne fut pas celui escompté.

 

Attirés par le spectacle de la violence, les élèves avaient formé le cercle autour du pugilat afin de le cacher aux yeux du Maître et donc de le voir durer. Peine perdue, l'attroupement et l'effervescence qu'il engendrait l'avait rapidement alerté. Il était intervenu avant que la mort ne frappe le nouveau héros. Parce qu’après cet acte de courage - s’attaquer à un plus fort que lui - le petit gars était devenu un véritable héros.

Tandis que le Maître intervenait, pour ceux qui demeuraient sceptique, il fit s’envoler les dernières hésitations à se ranger derrière son "étendard sanglant élevé" en lançant à son agresseur : « Moi, mon père il mettra le tien en prison, tu verras ! Parce que mon père, d'abord, il est juge d'un truction! »

 

Pute borgne ! Il avait médusé son auditoire en révélant le métier de son père ! Du coup le dadais avait battu en retraite sans moufter, reconnaissant implicitement la victoire du petit sur le grand.

Le sang à peine séché sur son menton, le blessé triomphait glorieusement. Qui a dit que quand on est môme, pour être quelqu'un il faut être plusieurs ?

 

 

Écrit pour les Impromptus Littéraires

 

 

 

 

 

 

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22 mars 2010 1 22 /03 /mars /2010 07:00
 

Un saule pleure sur le ruisseau et ses larmes troublent le miroir du ciel ; parfois un retour d’argent se frappe d'émoi et provoque une ondulation des concentriques. Les couleurs se détendent par-dessus la colline enneigé sous la morne lumière hivernale des lampadaires.

C'est l’avalanche des dispersions, des cils éclats et d'un soupir de diamant prolongé dans l’onde folle ; un travail de longue haleine sur le tableau insignifiant de mon anticlinal, un pan de mon nouveau linceul dessiné par un magicien de couleurs étalant des étoiles d’habileté sur une absence qui n’a pas même la transparence du néant.

 

Des équilibristes de carton-pâte s'en mêlent, une langueur décisive, un atroce mal profond aux racines dans le cou des cheveux les plus longs, les plus fins, les plus impénétrables ; les dés sont pipés à l’avance pour découvrir leur face cachée et leur politesse flagrante, comme une réminiscence, une erreur immense de l’obscurité.

 

Pour en finir, décidément, j'évoquerai une épitaphe moribonde gagnée d'ultimes soubresauts, comme une danse de Saint-Guy sur la pierre bombée de grave pluie où se délectent les lettres bleues, les syllabes dorées.

Cela résulte du principe de démission écartelée à la variation des aspects et du drame étincelant des fresques. L’égide est de saphir bleuté mais la compression, dépression, décompression demeure.

 

 

Réchappé pour les Impromptus Littéraires


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15 mars 2010 1 15 /03 /mars /2010 07:41
 

Ça devait être une surprise. C’est Aline qui en avait eu l’idée après qu’elle eût retrouvé des amis communs du lycée Alphonse Daudet à l’occasion de la feria de Pentecôte. Tous ensemble avaient comploté pour organiser un rendez-vous à Palavas à l’occasion des vingt ans de Justine.

Mon rôle s'était borné à l'achat d'un énorme stock de moules de Thau et à apprêter l’assaisonnement idoine d'après la recette consacrée. De leur côté, les Gardois se chargeaient des boissons, de dénicher une plaque pour la cuisson et de réunir sur place suffisamment de bois pour soutenir un feu de joie. Aline avait hérité de la délicate mission de persuader l'impétrante de nous accompagner sans poser de question.

Grosso modo le plan s’était correctement déroulé. Justine avait eu une sacrée surprise en découvrant, le soir venu, une grosse douzaine de ses anciens amis Nîmois et presque autant de Montpelliérains réunis sur la plage sauvage et entourés de glacières abondamment garnies de bouteilles et de victuailles.

Afin de ne pas être empêchés par les autorités (faire un feu en bord de mer est strictement prohibé) nous avions organisé notre petite fête un peu après la presqu’île de Maguelone, loin de tout lieu habité, à l’heure crépusculaire, quand les poulets sont en principes confinés dans leur basse-cour.

 

Il y avait davantage de filles que de garçons ; l’une d’entre elle, exubérante, musicienne et extravertie nous avait enchanté en tirant des airs sémillants d’un étonnant bandonéon qui faisait anachronique au milieu de la jeunesse. Un autre gars bien inspiré avait apporté guitare, harmonica et guimbarde, ça valait mille fois mieux qu’un radiocassette !

Le feu fut éclairé à partir de brindilles ramassées sur la dune, de cagettes démantibulées et de gros bois flottants échoués au hasard des derniers coups de mer. Il prit rapidement et grandit fortement au milieu de la plage, se nourrissant à grands coups de mâchoires de ce festin inespéré de branches mortes, tendres, blanches et salées. Tel un phare éphémère, je suis certain qu’à un moment on avait pu l’apercevoir dans tout le Golfe d’Aigues-Mortes, depuis la cime du Mont Saint Clair jusqu’à la pointe de l’Espiguette. Après un temps de démesure, rassasié et rougi, il s’était assagi et prêté à nos fins domestiques.

 

On avait longuement dégusté les coquillages qui cuisaient en chantant sur la plaque métallique, ça grésillait comme un vieux poste de radio quand le jus tombait à étouffer les flammes. Pour ne pas nous brûler, nous péchions les moules brûlantes à l’aide de fines brindilles au moment où elles s’ouvraient et buvions à grandes enjambées ce vin rosé du Pic Saint Loup qui était miraculeusement resté frais.

 

La nuit tombée avait laissé pour seules clartés celles des braises rougeoyantes et la froide pâleur de la lune qui traçait son chemin irréel au milieu de la méditerranée. Le ciel était parfaitement limpide cette nuit là.

Justine avait déballé ses cadeaux, remercié, embrassé tout le monde, moi le premier et moi aussi le dernier.

Ensuite, on avait ri, on avait bu, on avait fumé, on avait chanté "Let it be", massacré Cabrel et Eicher, imité joyeusement Johnny, … puis on avait pris un bain de minuit entrecoupé de cris hystériques, d’éclaboussures, de mise à la baille des filles un peu trop minaudes, … et un, et deux, et trois, …et plaôuf ! Enfin, vous voyez le genre quoi… le genre que la vie est belle et la jeunesse insouciante.

 

 

Rallumé pour les Impromptus Littéraires


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15 février 2010 1 15 /02 /février /2010 07:00
 

En sortant de la gare je décidai d’aller au rendez-vous à pied. Cela me fit du bien de marcher après cette journée que j’avais passé sur les rails. En plus il faisait beau, les jours étaient très longs en cette saison, à cause de l’heure d’été bien sûr, mais aussi du fait de la longitude décalée qui entraîne toute la pointe de Bretagne dans des soirées interminables.

 

Au moment de taper à la porte d'Émilienne Guémerric, je m’attendais à trouver une petite vieille morose et souffreteuse compte tenu de ce que j’avais lu dans ses lettres, lesquelles revenaient sans répit sur sa santé chancelante. Aussi, lorsqu’elle m’ouvrit, je fus assez surpris de découvrir une grand-mère potelée avec des joues rouges et l’œil vif, sans rapport avec la prétendue malade épistolaire.

Bonsoir jeune homme ! Vous êtes bien à l’heure ! Entrez, entrez !

Pristi ! Ça me faisait un peu drôle de m’entendre appelé « jeune homme ! » Décidément, avec ses airs de vieille dame indigne cette Émilienne commençait à bien me plaire. Elle me fit asseoir dans un canapé défraîchi et je lui offris la petite corbeille gourmande que j’avais apporté à son intention.

Allons ! Il ne fallait pas !

Mais à voir comment brillaient ses yeux tandis qu’elle déballait le zinzin j’ai compris que j’avais tapé dans le mille.

Je lui avais choisi un assortiment cévenol composé de mini-pots contenant confiture de gratte-cul, crème de marron et miel de châtaigner, trois pots qui donnaient joliment la réplique à trois boîtes de fer blanc étiquetées de noms de pâtés savoureux : grive, lapin, sanglier. Au centre, comme une très sainte relique, était couchée dans son nid de paille une demi-bouteille d’excellent Minervois.

 

Si je n’avais jamais vu une vieille dame enchantée j’en aurais fait l’expérience ce soir là. Et vas-y que je m’affaire, de ci, de là ; prenez donc ce quartier de far jeune homme, je le fais moi-même, allons, un petit verre de calvados, ça ne peut pas faire de mal. Ah ! Il vous faut une cuiller…

Et la voilà qui part à ma droite, qui revient sur ma gauche, et d’aller, et de venir, de papillonner, et de poser délicatement un trente-trois tours sur un antique électrophone... A donner le tournis !

 

Je vous fais écouter ce que nous dansons ici. Enfin, autrefois, parce qu’à présent, avec mes rhumatismes…

Elle se montra tellement gaie et enjouée que malgré ma fatigue accumulée, je n’ai pu faire autrement que de partager sa joie de vivre. Alors, au son aigu des bombardes et des binious nous avons entamé ensemble quelques pas de danse hasardeux avant de rire de bon cœur de nos excentricités.

Le calme revenu je revins à ce qui me préoccupait. Je lui confiais la photo que j’avais emportée avec moi à seule fin de la lui présenter… Reconnaîtrait-elle l’enfant ?

Pendant qu’elle allait quérir ses lunettes pour-voir-de-près, j’examinai la pochette du disque qui continuait de dispenser sa musique extravagante. Il s’agissait d’un enregistrement effectué à l’occasion des fêtes de Cornouaille intitulé "Mouèz-Breizh, mille sonneurs." Sur le devant de la pochette le dessin d’une bigoudène en costume ; au verso, dans la liste des morceaux, je repérai deux titres assez connus : la marche d’Elven et Chal Ha Dicha. Il me semblait bien qu’Alan Stivell en avait fait une…

Bien sûr que je le reconnais ! entendis-je soudain, Mon dieu ! Ça me rajeuni pas de voir ça !

Je laissai tomber la pochette pour m’approcher.

C’est lequel ?

Lui !

Parmi les garçonnets alignés sur la photo de classe, le doigt ridé s’était posé sous le visage juvénile que j’avais déjà pressenti. Alors oui, c’était lui. Comme un jésus au milieu des apôtres. C’était bien lui.

 

Je suis resté jusqu’assez tard chez Émilienne Guémerric. Nous avons parlé de l’ancien temps et elle a longuement évoqué les souvenirs qu’elle avait conservés du garçon. J’ai tout noté, scrupuleusement. Chaque détail pouvait me fournir une occasion de le retrouver.

J’ai fait un sort à son far, plus par fringale que par gourmandise... Puis le temps est venu de nous séparer. Au moment de partir elle m’a demandé si elle pouvait m’embrasser ; elle me disait que je lui rappelais le petiot… Sans vergogne, elle m’a pris dans ses bras et m’a collé un bécot comme si j’avais été un jeune premier.

A ce moment là je ne savais pas que je ne la reverrai plus jamais.



Réhabilité pour les Impromptus Littéraires


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8 février 2010 1 08 /02 /février /2010 08:00
 

Dis papa… papa !

Oui ma fille ?

C’est quoi ce bâtiment qui a été construit si rapidement dans la plaine, et pourquoi vous avez fermé le passage qui mène au petit lac ?

C’est rien, c'est un truc pour des Blancs.

Les Blancs ?… Ils ne veulent pas qu’on aille se baigner ?

Je sais pas. Ce que je sais c’est que le village leur a loué à prix d’or le terrain et le lac pour les deux mois qui viennent. On a dû monter une clôture provisoire de bric et de broc parce que les Blancs ne veulent pas être dérangés.

Pourquoi ?

J’en sais rien... parce qu’ils font des trucs de Blancs qui ne nous regardent pas.

Alors je ne peux plus aller me baigner ?

Non, pas ici et pas pendant les semaines qui viennent. Mais tu peux aller jusqu’au bassin d’en haut si tu veux prendre un bain.

Oh non ! C’est bien trop loin ! Ici l’eau est à deux pas. Pourquoi je ne peux pas y aller ?

C’est ainsi ma fille, sinon tu n’as qu’à rentrer à la maison et réviser tes leçons pour l'école.

Papa ?

Oui ma fille ?

C’est qui les Blancs qui ont loué ?

Je sais pas, des gens qui veulent visiter notre belle région sans doute ? Mais c’est bizarre parce qu’ils restent enfermés du matin jusqu'au soir.

J’ai vu des camions passer tout à l'heure avec tout un tas d'animaux dessus, mais pas de gens.

Il paraît que ce sont des célébrités dans leur pays, c’est peut-être pour ça qu’ils ne se montrent pas.

Papa, c’est quoi des célébrités ?

Oh ! La ferme ! Tu me fatigues avec tes questions maintenant. Allez oust ! J’ai du travail à accomplir. Je dois mener les bufflonnes jusqu’au bassin d’en haut pour les faire boire. Plus de deux heures de marche aller retour. Va jouer ma fille et ne t’approche pas des barbelés, tu pourrais te blesser et attraper le tétanos.

 

 

Écrit pour les Impromptus Littéraires


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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 07:30
 

Partout il y avait ces miroirs, omniprésents miroirs. Ceux de l’intransigeance qui vous reflètent et vous inversent à votre insu d’ivoire, les miroirs et les larmes de l’instinct qui y coulent, qui y laissent des tranchées désastreuses. Et puis il y avait l'océan bien sûr, le crépuscule en dégoulinait et les nuages couraient sur la lune enflammée.

Soudain, une chaleur presque pressentie se manifesta ; la cicatrice était encore molle, elle saignait de liquides amers, de suintements étourdis. Aux confins j'entendais un murmure ; non : un chuintement ; comme celui qui coule dans la cheminée, le chuchotement des brindilles, l’eau contre le feu. Une douce chaleur, une bouffée ; un petit bonheur monotone.

Le vent s’étalait peu à peu, flou sur les flots aigris. La terre est grande, la nuit elle est plate. Et les cormorans s’interpellent. Durant la nuit la terre s’aplatit, elle s’assoupit longuement aux embouchures.

 

Mes souvenirs restent de glace, pétrifiés. Encore une feuille morte sur mon manteau qui tourbillonne, la mer n’est pas loin, je la sens. Elle existe si fort à travers les galets de la plage souvent caressés par la double brise et l’invisible douceur de l’insouciance.

 

Je ne suis qu'un animalcule nauséabond, de moi émane la tristesse, mes yeux sont vides, ma pâleur est inquiétante. Encore un pas vers le gouffre, l’extrémité de la falaise s'approche. La mer est basse, au sol les galets sont humides, parfois ils éclatent aux lueurs ; il n’y a plus de mouettes sur le port, l’heure induit la tranquillité de l’océan, tout est comme paralysé, d’une paralysie faible et dont la langueur s’estompe dans les replis des vaguelettes. Par endroits, il y a d’immenses flaques de sable entourées d'étroites plages d’eau d’où émergent les coquillages, et puis dans une majesté foudroyante, le sol se jonche d’ombre, conséquence de ce nuage qui avance nonchalamment sur un chemin royal tracé par le pâle halo de la lune.

 

L’ombre unit l’eau au feu, le soleil éclipsé s’endort en grandes taches sombres. Encore une vision volée, d’eau, de lumière et de sérénité. Une halte dans les chimères ardentes de la conspiration. Un soupir, un sourire... et toujours, lancinant, ce vent, ce vent d’ailleurs qui s’impose comme les cils étranges de l’eau, ce vent qui rejoint la mer dans des rigoles de rimmel, des collements de silences bizarres, des sourires angéliques, des soupirs diffus... des néants.



Rafistolé pour les Impromptus Littéraires





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19 décembre 2009 6 19 /12 /décembre /2009 00:18
Grosminet.jpg


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