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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 07:30
 

Partout il y avait ces miroirs, omniprésents miroirs. Ceux de l’intransigeance qui vous reflètent et vous inversent à votre insu d’ivoire, les miroirs et les larmes de l’instinct qui y coulent, qui y laissent des tranchées désastreuses. Et puis il y avait l'océan bien sûr, le crépuscule en dégoulinait et les nuages couraient sur la lune enflammée.

Soudain, une chaleur presque pressentie se manifesta ; la cicatrice était encore molle, elle saignait de liquides amers, de suintements étourdis. Aux confins j'entendais un murmure ; non : un chuintement ; comme celui qui coule dans la cheminée, le chuchotement des brindilles, l’eau contre le feu. Une douce chaleur, une bouffée ; un petit bonheur monotone.

Le vent s’étalait peu à peu, flou sur les flots aigris. La terre est grande, la nuit elle est plate. Et les cormorans s’interpellent. Durant la nuit la terre s’aplatit, elle s’assoupit longuement aux embouchures.

 

Mes souvenirs restent de glace, pétrifiés. Encore une feuille morte sur mon manteau qui tourbillonne, la mer n’est pas loin, je la sens. Elle existe si fort à travers les galets de la plage souvent caressés par la double brise et l’invisible douceur de l’insouciance.

 

Je ne suis qu'un animalcule nauséabond, de moi émane la tristesse, mes yeux sont vides, ma pâleur est inquiétante. Encore un pas vers le gouffre, l’extrémité de la falaise s'approche. La mer est basse, au sol les galets sont humides, parfois ils éclatent aux lueurs ; il n’y a plus de mouettes sur le port, l’heure induit la tranquillité de l’océan, tout est comme paralysé, d’une paralysie faible et dont la langueur s’estompe dans les replis des vaguelettes. Par endroits, il y a d’immenses flaques de sable entourées d'étroites plages d’eau d’où émergent les coquillages, et puis dans une majesté foudroyante, le sol se jonche d’ombre, conséquence de ce nuage qui avance nonchalamment sur un chemin royal tracé par le pâle halo de la lune.

 

L’ombre unit l’eau au feu, le soleil éclipsé s’endort en grandes taches sombres. Encore une vision volée, d’eau, de lumière et de sérénité. Une halte dans les chimères ardentes de la conspiration. Un soupir, un sourire... et toujours, lancinant, ce vent, ce vent d’ailleurs qui s’impose comme les cils étranges de l’eau, ce vent qui rejoint la mer dans des rigoles de rimmel, des collements de silences bizarres, des sourires angéliques, des soupirs diffus... des néants.



Rafistolé pour les Impromptus Littéraires





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