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7 décembre 2009 1 07 /12 /décembre /2009 07:40
 

Surprise ! En rentrant à la maison je trouve un colis dans la boîte aux lettres. Qu’est-ce que cela peut bien être ? Nous n’avons rien commandé aux Trois Suisses ni à la Blanche-Porte depuis belle lurette. Serait-ce un cadal ? Je rentre vite à l’intérieur pour l’ouvrir.

 

Sur l’étiquette autocollante qui porte l'adresse je remarque un logo représentant la Terre ainsi que ces deux phrases imprimées en caractères gras :

 

SAUVONS LA PLANÈTE !

PRÉSERVONS LE CLIMAT

 

Intrigué, j’arrache le film plastique qui entoure le colis puis en m’aidant de l’ongle de mon pouce je déflore le dessus du carton pour mettre son contenu au jour.

A l’intérieur je trouve plein de copeaux de polystyrène protégeant une grosse ampoule de verre translucide qui semble vide. Je découvre également une sorte de foulard en mauvais tissu, un sac en papier marron, un sachet de plastique plié en huit et une poche de tissu écru.

Au fond de la boîte une notice de deux pages attachées par une agrafe métallique est ainsi libellée :

 

Mode d’emploi du kit écologique recyclable :

 

Retirez le film protecteur du colis après avoir décollé l’étiquette adresse.

Ouvrez le carton, videz-le, aplatissez-le et découpez-le en plusieurs bandes afin de le faire rentrer dans le sac en papier que vous trouverez à l’intérieur. Mettez l’étiquette adresse que vous venez de décoller dans ce même sac en papier.

Dépliez le sachet de plastique. Remplissez-le avec les morceaux de polystyrène qui protègent l’ampoule ainsi de ce qu’il reste du film plastique qui entourait le colis.

Placez la pièce de tissu au dessus de votre tête puis penchez-vous en avant, brisez d'un coup sec l’extrémité de l’ampoule et respirez profondément : vous recevrez ainsi une goulée de bon air de la montagne - prélevé en altitude - comme l’atteste le certificat d’authenticité ci joint.

Ensuite repliez le foulard à usage unique et rangez-le dans la poche de tissu livrée avec le kit.

Retirez l’agrafe qui joint la notice au certificat et mettez-la de côté.

Si vous ne souhaitez pas conserver le certificat d’authenticité (pour le montrer à vos amis par exemple), glissez-le dans le sac en papier.

 

Jetez le sac en papier et l’ampoule usagée dans les containers adéquats (papiers/verre) les plus proches de votre domicile.

Jetez la poche de tissus à la déchetterie dans le bac des textiles

Jetez le sachet plastique et son contenu dans la benne réservée aux PVC

Pensez également à déposer le petit morceau de verre issu de l’ouverture de l’ampoule dans le container idoine, l’agrafe dans le réceptacle dédiée aux métaux non ferreux et la présente notice au « Spécial papier »

 

Grâce à ce kit entièrement recyclable vous aurez pris un bol d’air en respectant la planète et en préservant le climat.

 

LA TERRE VOUS DIT MERCI !

 

 

Écrit pour les Impromptus Littéraires


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1 décembre 2009 2 01 /12 /décembre /2009 00:05
 

Vers le milieu de février il arriva une tristesse.

En temps utile, j’avais envoyé une carte de vœux à Émilienne Guémerric pour lui faire savoir que je ne l’avais pas oubliée et qu’elle tenait toujours sa place dans ma mémoire, même si elle était loin de moi par la géographie.

Et voilà que le pli était revenu. Identique… N’avait pas même été ouvert. C’était un samedi, le matin était bien entamé. J’avais relevé la boîte aux lettres en revenant de la boulangerie où, pour le plaisir de mon amour, j’étais allé chercher des croissants qui sentaient bon le beurre chaud.

En remontant les escaliers, j’avais remarqué sous l’adresse de la mamée Bretonne, le tamponnage tremblotant justifiant de la non-distribution du courrier … Et là, il y avait trois lettres manuscrites à la va vite, on ne peut plus laconiques. Trois lettres édifiantes et définitives. Trois lettres de fin du monde : d c d.

Putain ! Ça m’avait foutu un coup fort dans le ventre de voir ça ! Bordel de merde ! C’était pas possible une chose pareille ! Les gens ne meurent pas comme ça, en trois lettres ! Mer il et fou ! Jusqu’où va s'encastrer l’inhumanité de notre temps !

Ça m’avait proprement démoli.

 

Je m’étais assis à la salle à manger, les bras ballants. Je pensais à la veille dame, je revoyais son visage tout plein de gentillesse. J’avais les yeux qui se mouillaient… J’étais tout enchifrené.

Pendant ce temps, comme un fantôme gris, Justine s'était matérialisée dans l’encadrement de la porte. Je ne voyais ni ses mains ni ses pieds... parce qu’elle avait enfilé mon pyjama et qu'il taillait beaucoup trop grand pour elle.

A ce stade du récit il faut que je précise que la mésange ne sait pas dormir autrement qu’en cheveux et qu’au petit lever elle est dénuée de tout raisonnement. Alors pour ne pas se promener toute nue dans la maison, surtout quand il fait froid, elle met sur le dos le premier truc à sa portée.

En l’occurrence, ce matin là, c’était mon pyjama qui s’était avéré le plus proche vêtement de sa main, sans doute parce que je venais de m’habiller pour sortir et qu’il devait traîner sur le plumard.

Mais ça aurait pu être tout autre chose : un djine boutonné de travers avec en haut un carré Hermès noué autour des seins, ou bien une tenue de sport douteuse de la veille ou... d’avant la veille ; et si rien n’était tout de suite disponible, elle était capable de se pointer au petit déj les pieds nus et crispés, le corps engoncée dans la douceur de notre lourde couette, jetée comme une cape d’extra-terrestre par-dessus ses épaules !

En trois mots : Justine, elle craint du matin.

 

Malgré ça, ce jour là, et même que ses yeux clair-gris semblaient encore un peu vitreux, elle avait compris que quelque chose ne tournait pas rond.

Intriguée, elle m’avait rejoint. Sur la table, l’enveloppe avait attiré son regard et elle avait su qu’aujourd’hui il y aurait du triste dans ma vie.

Sans un mot elle s’était doucement posée sur mes genoux, puis, prenant ma tête entre ses mains elle m’avait serrée contre son cœur. Doucement elle m’avait bercé en me chantonnant la litanie : « Mon Titou, ti amo Titou mio, ti amo,… piange, Titou mio, ti amo…. »

Justine, quand elle parle comme ça, c’est juste comme si tu te retrouvais au beau milieu du paradis… Et pendant que ses bras me prodiguaient du chaud, que ses doigts couraient en longueur sur ma nuque, que mon nez respirait ses cheveux qui sentaient encore le dormi, je chialais comme un môme, je libérais toute cette émotion accumulée depuis bien trop longtemps, ne sachant plus si je pleurais de savoir la grand-mère partie, le monde tout pourri d’injustice et de cruauté, ou bien si ça venait du débordement de notre amour, le plus beau, le plus grand et le plus flamboyant de tous les temps, à placer juste devant celui de Tristan et d’Iseult qui paraîtrait un rien plus terne, de l’avis des experts…

 

En recevant mon chagrin et mes pleurs, Justine m’avait aidé à surmonter mon désarroi sans se douter qu’en même temps elle exacerbait l’émotion qui alimentait mes fonctions lacrymales. Du coup je m’étais transformé en ardente fontaine, mais comme les larmes ne durent que le temps du pleuré j’avais fini par me tarir, soulagé d’avoir pu confier l’étendue de ma mâle faiblesse dans des bras si menus et si compatissants.

 

Ce jour là le café avait été trop fort, mais c’est parce que c’est elle qui l’avait passé et qu’elle ne sait le faire qu'à la mode italienne. Les croissants, finalement on les avait mangés, et pour finir l’histoire, on avait souri à l’ironie de la situation : sur la carte de bonne année que j’avais envoyée à Émilienne, et parce que je connaissais son hypocondrie, j'insistais lourdement pour des vœux de très bonne santé. Et souhaiter la santé à une déjà morte, ça avait un côté tragiquement comique.

 

 

Posté pour les Impromptus Littéraires


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23 novembre 2009 1 23 /11 /novembre /2009 07:00
 

L'action se déroule à Paris, dans un restaurant gay, rue des Saints-Pères. C'était là que, par nécessité, travaillait mon copain William trois soirs par semaine, à l’époque où il sortait avec Joan, la plus mignonne des filles du lycée. Une centrefold de magazine aux cheveux rouges et aux lèvres mouillées. J’ai toujours pas compris pourquoi elle s’était mise avec lui ! Putain ! Qu’est-ce qu’elle était belle cette nana ! Le William, lui, y cassait pas des briques ! Enfin !

 

Flashback : Joan… Juste en fermant les yeux je la revois comme si c’était hier : un corps de rêve elle avait, avec des jambes toutes longues, un joli petit cul haut de gamme, des seins ni trop gros ni trop flats, et surtout un visage de poupée de porcelaine dont elle maîtrisait à la perfection les expressions et qui faisait fondre les garçons en leur mettant le cœur tout en carton. En outre, et ça ne gâchait rien, le bruit circulait que la déesse ne s'opposait pas franchement au rapprochement des deux sexes et qu’elle se couchait sans trop se faire prier…

A terme j'aurai la confirmation que la rumeur était fondée et même au delà, je pourrai également connaître d’autres détails, de visu, dont je ne peux parler ici, car ils sont classifiés depuis, et rangés dans un dossier qui doit se trouver dans l’armoire où sont conservés les papiers concernant les rétro-commissions des frégates de Taiwan.

 

Donc je me pointais au "Vieux Casque" avec la copine de William. Histoire de rigoler un brin nous avions d’abord fait le tour par l’entrée de service pour voir notre ami à la tâche. La cuisine était si étroite qu’elle aurait désespéré un Pantagruel nain, mais il faut dire que le resto ressemblait plus à une cave qu’à un autodrome ! Au fourneaux il y avait en tout et pour tout trois cuistots : Étienne responsable du "chaud", le second, pour l’heure en congés (remplacé par William) qui s’occupait du "froid" et un mignon qui ne causait qu’en polonais et qui assurait principalement la plonge pour garantir le turnover des assiettes. Au final, ces trois là qui s’activaient dans la coulisse relayés par les deux serveurs qui officiaient en salle, voyaient passer entre septante et quarante couverts, bon soir mal soir. L'équipe était complété par un pianiste de location qui confondait trop souvent ragtime avec vieille rengaine jusque tard dans la nuit. Bref, c’était une petite affaire.

 

A la porte principale nous étions accueillis par le patron de l'établissement qui rejouait son coming out chaque fois qu'il plaçait un client à une table. L’ambiance feutrée était propice à tous les chochotements… Une qui ne perdait rien du paysage et qui détaillait chaque visage d’éphèbe attablé, c’était la belle Joan. Elle m’avait soufflé à l’oreille : « Dis-moi ? C’est fait exprès que les beaux mecs soient toujours atrocement gay ? Décidément, les nanas n'ont vraiment pas de chance !… »

Je ne sais pas si elle m’avait dit ça dans le but de couper court à toute tentative d’approche de ma part, du style : « T’avise pas à me faire du flan t’es pas mon style et t’es même pas beau », mais quoi qu'il en soit j’avais déjà renoncé à élaborer des plan, ne serait-ce que par respect pour William qui trimait juste derrière le passe-plats. C’était mon meilleur ami tout de même, et cela suffisait à me dissuader de lui jouer un mauvais tour.

 

Alors je m’étais rabattu sur le menu mais comme William me l’avait laissé entendre, il n’avait rien de très vibrant. Après la salade "Vieux Casque" composée d’un habile mélange d’éclats d’endive, d’émincé de poulet froid et de lamelles de champignons de Paris qui nous avait été recommandée, nous avions dégusté un chateaubriand sans style avec des french fries très conventionnelles. Une crème catalane pour le dessert. Vu le prix demandé, ça ne valait pas le détour… sauf peut-être pour les fans de Bolcom ou les dénicheurs de coucous suisses.

en l'occurrence ce n’était pas mon cas.

 

 

Assaisonné pour les Impromptus Littéraires


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26 octobre 2009 1 26 /10 /octobre /2009 10:23
 

Savez-vous que parfois les glaciers se rejoignent ? Ils confluent en se rejoignant ; de brise éclatent leurs échines. Souvent le froid est si dense qu'on le ressent comme de la buée verte aux ossements délicats des vaincus.

Les charmes, hauteurs pleurants sur un bras dépouillé dans le jour, et autour, par soudaine explosion, une lyre que les statues approchent.

Les images entremêlées d’un rêve frémissant, tout juste à fleur de mot ; une goutte d’encre encore inspirée qui s'insurge et pleure doucement sa litanie de lamentations éphémères.

 

Oiseau de plumes empêtrées à l’automne de nos couleurs. Une douce variation vue du ciel comme un horizon en perspective avec d'improbables points de chute, de fausses lignes de fuite esquissées depuis les falaises embuées dans l’aube flasque et un avant-propos de sourire profond qui se tient bien droit avec des yeux gourds, un peu comme une vaine distance ou un prisme noir...

Jeu d’ombre où le soleil se mêle et les nuages ; division d’influx ; c'est ici que se séparent les disgrâces et que s'ébauchent les verdicts.

 

C'est l'apanage de la plaie ouverte aux quatre vents, l'égratignure de ton ventre. Sa fleur vivante qui échappe au sacrifice de la nuit. Parce que la nuit l’orage est dans le vent de la nuit, qu’importent les graphismes et le flux des trajectoires.

 

L’œil est ouvert à demi : fragile, en rosace. A fleur de peau il ne dit mot. C'est un kaléidoscope vivant où les couleurs d’automne se chevauchent comme des cavaliers innombrables sur les plages basses de novembre. D'ailleurs, chacun sait que les chevaux sont des bêtes de fin d’année, tout comme les arbres morts.

 

 

Surréalisé pour les Impromptus Littéraires


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19 octobre 2009 1 19 /10 /octobre /2009 07:00
 

Les feuilles mortes en grand désordre voletaient sur le chemin comme pour me prévenir d'un danger en approche, d'une imminence grise. C'est alors que je me suis assis, une dernière fois, les bras en avant à la manière du rameur sur une barque incontrôlable et mes souvenirs soudain se sont éteints.

 

Paysages champêtres, surréalisme suranné du haut des vingt et une collines. Je tremblai. Pourtant j’avais un peu moins froid que d'habitude, mais l’ombre était partout, même sur le visage des gens que je reconnaissais ; dans le ventre de l'atmosphère, en longues vibrations, il y avait une rumeur qui enflait, un graffiti qui s'ébauchait ; une rumeur chaude, chuchotée, et un graffiti un peu ocre, d’une teneur inconsistante.

Insensiblement les nénuphars paresseux de l'étang se sont levés, les blancheurs fades de l’automne épanouies, un pas feutré encore... et puis pour finir, une image d’encre.

 

Je me suis étendu sur le sol et j’ai fermé les yeux. J'ai rêvé que je dormais au milieu des forêts ; les pas s’adoucissaient, de feutrés ils devenaient calfeutrés, et les immenses nuages du ciel rouge me recouvrirent afin de préserver mon sommeil du froid et de la nuit.

 

C’est à-peu-près à ce moment qu’il a commencé à pleuvoir, très doucement, presque gentiment. A partir de là je n'ai plus senti mes larmes qui coulaient ; elles se mêlaient aux gouttes de pluie et aux fragments de feuilles meurtries qui me défiguraient.

 

 

Écrit pour les Impromptus Littéraires


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28 septembre 2009 1 28 /09 /septembre /2009 08:00
 

Avez-vous remarqué que quelquefois, aux heures les plus sombres de la nuit, les machines informatiques se mettent à fonctionner bizarrement, les ordis rebootent sans raison apparente, les écrans s'éclairent inopinément, les ventilateurs se déclenchent sournoisement et les voyants lumineux s'emballent en clignotant convulsivement autour des appareils comme des guirlandes de Noël ?

J'ai été confronté à ce prodige. Alors j'ai voulu en savoir davantage ; un soir je me suis dissimulé dans le bureau, j'ai attendu en silence, patiemment, j'ai tendu l'oreille... et j'ai surpris cette conversation :

 

 

uelle heure il est ?

Mmmmm ?

C'est uelle heure ?

Quoi ?

L’heure, le timing ?

Ah !... 02:57:29

Plus ue eulues minutes et on éteint l’U.C.

Comment tu causes dis ? On comprend rien à ce que tu racontes

uoi ?

Écoute-toi, tu es inaudible

Ah ouais, j’ai une touche ui déconne

Le Q ?

Oui. Ben merde alors ! elle est naze

Ah ! Ah ! Voilà où ça mène de se casser le Q !

Très drôle

Essaye encore !

...rien à faire

T'es sûr ?

Ouais... Je crois ue c'est à cause de hier soir, uand la nana s'est coincé un ongle dans la fente au-dessus du W, ça a dû niuer un palpeur ou abimer le circuit imprimé

Tu m'étonnes !

Chaue fois c'est le même cirue, on devrait interdire les claviers souples aux gonzesses à doigts effilés

Bin moi je trouve pas qu'ils soient trop longs ses ongles, j'aime bien quand elle me caresse la roulette

On voit bien ue t'es pas à ma place... Je ne compte plus les griffures ue je dois encaisser, j'ai le E et le P ui sont presue complétement effacés à force de prendre des coups de kératine

Pauvre !

uoi de mieux ue le uinuina pour reuinuer un uinuagénaire uinteux ?

Qu'est-ce que tu racontes ?

Rien, j'essaye des trucs

C'est énervant

Ouais, ça va vite gaver le patron ce manue de

Hi ! Hi ! Surtout que d'après ce que je sais, il l'aime bien le Q !

Très drôle ! Demain je vais me retrouver à la poubelle, et toi ça te fait rire

Excuse moi, je ne voulais pas te faire de la peine

u'est-ce ue je vais devenir ? C'est un grand malheur. Il fallait bien ue ça arrive !

Attends... j'ai une idée : si en cours d'utilisation tu transmettais uniquement des mots sans Q au moniteur, ça pourrait le faire non ?

Comment ça ?

On a qu'à programmer une routine qui associe une base de mots qui contiennent la lettre Q avec une équivalence d'expressions qui en soit dépourvue.

C'est pas con. Dis-donc, t'es pas la moitié d'un camembert uand tu te mets à cogiter !

On prévoit un glossaire pour les quatre langues qu'ils utilisent sur la machine : français, anglais, italien allemand.

Et uébécois ! N'oublions pas le uébecois !

T'as raison ! Pour faire le boulot on va mobiliser l'U.C. et les réseaux. Ils nous doivent bien ça. Allons, l'horloge est à 02:57:33, il reste quelques heures avant le jour, c'est largement suffisant pour traiter l'information nécessaire

Alors on n'éteint pas ?

Non non, on n'éteint pas. On fait comme la chenille mon pote... on redémarre !

 

 

Écrit pour les Impromptus Littéraires


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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 00:03
 

Cette année là, avec Justine nous avions fait spécialement le voyage pour assister à l’éclipse du siècle. Le mercredi midi nous étions donc sur place pour l’unique représentation planétaire. Nous avions récupéré les lunettes idoines fournies par une revue de vulgarisation scientifique qui en proposait des paires en carton dans son numéro spécial consacré à l’évènement. Nous-nous étions postés sur le quai devant le Palais des Rohan, considérant l’endroit préférable à la place Kléber qui était noire de monde. Nous avions également pris soin de nous munir de quoi étancher notre soif et d’un assortiment de délicieux bretzels en guise d’apéritif sidéral.

 

Le seul objet de notre préoccupation durant la demi-heure qui précéda le début du phénomène se rapporta à l’aspect incertain du théâtre : « Crois-tu que ces nuages vont persister ? » me demandait la mésange. « Non, ils s’éloignent… mais je crains que d'autres suivent... Puissent-ils épargner ce coin de ciel le temps que durera l’éclipse ! »

C’était entre deux eaux, mais quand le moment fut venu le ciel se montra magnanime en déployant largement le rideau sur la scène.

 

Exactement à l’heure dite, le disque solaire essuya la première attaque frontale. Insensiblement il se mit à rentrer le ventre sous la pression du petit satellite. Pour son commencement nous avons assisté de façon très intense à l’accomplissement du prodige.

Entre le temps du grignotage et l’obstruction complète, se succédèrent plusieurs interruptions inopinées de l'image dues à la circulation de méchants nuages cotonneux qui, chaque fois qu’ils masquaient le croissant de soleil, provoquaient autour de nous des commentaires peu amènes et des soupirs insatisfaits.

Et soudain ce fut la pénombre… Comment dire ? Ce n’était pas la nuit, ni l’impression de crépuscule, ni la couleur qui précède l’orage… c’était différent.

Indicible. Seul un artiste pourrait rendre la fausse obscurité de l’éclipse totale. Une couleur froide, sans doute parce que durant les courtes minutes de son invraisemblable absence, l’astre de vie ne chauffe plus la terre ?... De fausses ténèbres très déconcertantes car survenant en plein midi. Les oiseaux s’y étaient laissés prendre : à nos pieds, sur l’Ill sombre, les cygnes se tordaient le cou pour glisser le bec sous la plume ; aux branches hautes des tilleuls, les passereaux se regroupaient et se taisaient dans l'idée d'entamer un sommeil.

 

Courte nuit. Au bout de quelques minutes, comme si l’astronaute de service avait décidé d’actionner un hypothétique interrupteur, la lumière jaillissait de nouveau. Un peu blafarde certes ! … j’allais dire, un rien artificielle, comme celle d’une ampoule électrique très blanche et très puissante annonçant le retour de la période diurne. Il fallait bien que ça arrive, c'était la fin du parfait alignement des planètes dans leur folle ronde gravitationnelle qui nous avait permis de prendre concrètement conscience de la simple géométrie universelle.

 

La prochaine éclipse totale de soleil qui sera visible depuis le territoire – si le temps le permet - est d’ores et déjà programmée pour le 3 septembre 2081. Probablement, nous serons morts et enterrés à cette date, mais donnons à nos enfants ou nos petits-enfants un rendez-vous ce jour là à Paris... sur le pont des Arts ! Par leur truchement nous assisterons ensemble à l'évènement puis de la même façon nous irons déjeuner par contumace quelque part à la mode, du côté de Saint-Germain-des-Près…

Chiche ?



Écrit pour les Impromptus Littéraires



Ci-dessous la carte relative aux prochaines éclipses solaires visibles depuis le territoire


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14 septembre 2009 1 14 /09 /septembre /2009 07:38
 

Ses doigts effilés aux ongles soignés caressaient l'espace tout autour d'elle en s'agitant comme un jeu complet de pianiste. Avec ses affaires disposées à la diable, elle accaparait plusieurs sièges, le mien y compris. Elle avait dû monter à l'arrêt en gare d'Avignon alors que j'étais moi-même vissé à la voiture-bar.

 

C’était une fille longiligne, brune, affairée... Sa place était tout juste en face de la mienne. Entourée de ses sacs et de nombreux bagages, il lui fallut un temps considérable pour s’organiser dans l’encoignure de son siège. Elle était drôlement habillée. Un cardigan en tricot mou beaucoup trop grand pour elle qui lui tombait sur les mollets et sentait fort le patchouli. En outre, elle avait superposé un gilet vert olive à un t-shirt blanc ras du cou, ce qui donnait un résultat plutôt cocasse dans son ensemble et révélait conjointement des goûts bizarres et une absence notable de poitrine ; en bas elle portait l’indispensable jean, tellement catégoriel qu’il est devenu emblématique de notre société : serré au corps et habilement délavé sur le pourtour des cuisses.

 

Quand le train eut pris de la vitesse, mademoiselle d’Avignon se plongea dans la lecture d’un ouvrage consacré à "Virginia Woolf et le Groupe de Bloomsbury" écrit sous la dictée du colloque de Cerisy. Ça avait l’air plutôt ardu ! Je me dis que, sans doute, elle faisait l'étudiante en lettres modernes ou quelque chose dans le genre.

 

De mon côté, j’abandonnais mon roman policier pour m’intéresser à ma compagne de voyage et comme elle était absorbée par son bouquin je pus l’observer à loisir.

Ce qui me plut par-dessus tout chez elle : (je ne saurais en expliquer le pourquoi) les longs doigts délicats de sa main restée libre qui dépassaient de la manche de sa veste. Ils étaient constellés de bagues argentées dont les formes évoquaient d'étranges signes cabalistiques.

 

De visage, la fille était assez commune. Ses longs cheveux très bruns tenaient au-dessus de sa tête à l'aide d’un dispositif compliqué d’où s’échappaient des tiges métalliques. Sa nuque dégagée laissait gentiment dépasser quelques mèches rebelles. L’oreille, dont le dessin compliqué me fascinait, était agrémentée d’un fin duvet qui devait être doux à la caresse. Centimètre après centimètre, je passais impunément de l’oreille à l’ourlet de la lèvre, de la lippe à l’œil noir, de l’extérieur à l’intérieur… jusqu’au moment où je reçus comme un ultimatum un regard d’une force inouïe qui m’obligea à détourner la tête.

 

Je me vengeais mesquinement en continuant de la dévisager par le truchement de son reflet qui vivait tout aussi bien à l'extérieur du train, voyageur clandestin par-delà le glacé de la vitre.

Quand j’eus assez de jouer à ce petit jeu, je quittai ma place pour aller prendre un second café à la voiture-bar. Puis au retour je renouais avec les tribulations du faux héros de mon polar qui avait sagement suspendu son action derrière le coin rabattu d'une page, juste pour m'attendre lire.

 

Quant à la demoiselle d’Avignon, elle quitta notre compartiment à la Part-Dieu, sans même jeter un coup d’œil dans ma direction, ce qui, je dois l’avouer, me dépita un petit peu.

Je lui adressais des reproches in petto : « Pour qui se prend-elle cette pimbêche ? … Un peu de politesse, ça ne fait pas de mal. » Et de penser cyniquement que, de toute façon, elle était vraiment trop plate pour me faire le moindre effet, étant de ceux qui aiment avoir bien à manger lorsqu'ils se mettent à table.

 

Et tandis que je grommelais dans ma barbe, je la vis passer sur le quai. Je la vis dans sa solitude au milieu de la foule anonyme, attifée comme une Cosette des temps modernes et chargée de sacs encore plus gros qu’elle. Alors, mon cœur a-t-il battu plus fort ? ma poitrine s’est-elle brusquement resserrée ? à ce moment précis, j’ai su que pendant quelques secondes, je l’avais aimée.

Notre idylle n’aura duré que le court instant de ce regard assassin qu’elle m’avait lancé et dont je me souviendrai si longtemps.

C’est pour cela que je le raconte aussi aisément aujourd’hui, un peu comme s’il était daté d’hier.

 

 

Écrit pour les Impromptus Littéraires



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22 juillet 2009 3 22 /07 /juillet /2009 00:04



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16 juin 2009 2 16 /06 /juin /2009 00:05

 

Je me souviens, nous étions quatre à traverser le Channel : Laurence, Philippe Jean-Pierre et moi. La fille c’est Phil qui l’avait imposée bien sûr. Contre notre avis car on se voyait mal écumer East End flanqués d’un minette à poils longs… Mais Filou était comme ça, il savait ce qu’il voulait et il s’était débrouillé pour que Lolo obtienne sa permission de sortie du territoire. Il avait fait fort pour embrouiller ses vieux. Je ne sais pas ce qu’il leur avait raconté mais dans le train elle était bien là la Lolotte, à sommeiller la tête appuyée contre son épaule ; quant à lui sa figure exprimait tellement de béatitude que c’était beau à voir.

 

Le train s’arrêtait à Calais, il repartait de Douvres. Entre les deux il fallait traverser le bras de mer sur lequel ont buté tant de führers et de napoléons. Eh oui !  Il fallait le franchir ce petit effet de manche de rien du tout qui ne convainc personne, grisâtre et embué de brumes matinales. En ce temps là, durant l’été, beaucoup de gosses commençaient le creusement du tunnel à l’aide de seaux et de pelles en plastique… mais dès la première marée montante leurs travaux se trouvaient gravement compromis.

Alors, on prenait le ferry.

Pendant qu’à l’entrepont avec Jean-Pierre on mélangeait la bière et le whisky détaxé, les deux autres se mignotaient sur la passerelle, appuyés contre le bastingage, se serrant de trop près à cause du froid mordant de l’aube endolorie. C’est que ça caillait grave ! De quoi faire claquer les dents à un canard ! La mer était gluante, les goélands transis. A posteriori on comprenait pourquoi la grande armée avait tourné talons ; les tôt matins des côtes d’Angleterre sont à ce point rébarbatifs qu’ils ne motivent guère un envahissement.

 

Une fois débarqués sur l’île nous devenions des Lords, et Laurence était Milady. En changeant nos francs contre des livres on se prenait pour des nababs, on ne se sentait plus planer ! Tant d’exotisme si proche de Paris ! Il faut dire que les Rosbifs tirent les avantages de leurs inconvénients.

Même de nos jours, depuis que le tunnel à montré ses limites, ils gardent l’esprit insulaire : toute leur histoire montre qu’ils ont cherché à étendre leur influence, puisque leur territoire, ils ne pouvaient pas l’agrandir. Cela fait toute la différence. Rendez-vous compte ! Ils donnent à leurs monuments les noms de nos défaites ! Ils sont fous ces Anglais !

Ainsi nous profitions du dépaysement ; moi, j’étais avide d’échanger dans la langue de Shakespeare, je me régalais de sentir le bon accent tonique éclater sous la glotte des autochtones. Rien à voir avec les cours de nos professeurs au lycée, tous plus tristes que des quais de gare. Là, on apprenait les vrais mots de la vie, comment les prononcer et où les employer.

A Soho on avait déniché des enregistrements pirates de concerts : les Doors, les Stones, les Who… J’en avais acheté plusieurs car je savais pouvoir les revendre avec un bon bénéf à des potes de Pantruche. De son côté, Phil avait rhabillé sa chérie avec un perfecto si peu cher qu’il avait dû tomber d’un camion. Quant à Jean-Pierre, il désespérait de trouver une boulangerie un peu normale, une devanture où se reconnaîtraient des denrées comestibles.

 

Pour l’hébergement on nous avait donné une adresse de "bed & breakfast" dans un quartier décentré. C’était le genre d’institution qui relevait plus de l’auberge de jeunesse que de l’hôtellerie. Juste par économie, on se retrouvait à dormir dans une chambre à deux lit, et bien sûr, pendant que Filou folâtrait discrètement sous son édredon avec mademoiselle Nitouche, moi je m’appuyais le Jean-Pierre ! Sur le moment je dois dire que j’en avais éprouvé des regrets. J’avais pensé que j’aurais dû recruter une gonzesse moi aussi, pour profiter de l’aubaine, mais à la réflexion l’idée ne tenait pas la route :  lorsque nous referons le voyage plus tard, en partant cette fois à deux couples, pour avoir la paix les filles choisiront de partager le même lit ! Et nous, bien obligé aussi, penauds comme couillons !

 

Le matin alors qu’on bouffait nos œufs durs, la logeuse venait s’enquérir de nos projets. C’était une femme cupide qu’on voyait picoler au pub d’en face, elle avait les joues zébrées de couperose et les dents de devant déchaussées. A voie basse, Lolo disait « V’la la sorcière qui s’amène… » La femme se pointait lourdement et prononçait seulement ces trois mots : « Stay or leave ? » Si on voulait rester on devait payer aussitôt notre écot pour la nuitée suivante.

Le midi on se nourrissait de lait en brik et de brioche, le soir on se payait le Wimpie. De toute façon, on ne va pas en Angleterre pour boulotter, sinon ça se saurait !

 

Ce qu’on économisait en hébergement et en frais de bouche, on le claquait en biens de consommation… La Lolotte elle avait beaucoup aimé les shops d’Oxford street. Moi et Filou on avait surtout acheté de la musique, des albums et des partitions qu’on n’aurait pas pu trouver à Paname. Quand à Jean-Pierre, il avait dilapidé son pécule en nous payant des bières à profusion !

Guiness is good for you !



Rapatrié pour les Impromptus Littéraires



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