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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 00:06

 

hilip prend le temps nécessaire pour observer l’ensemble de la scène. De l’importance de se faire une idée générale du site avant de passer à l’examen des détails.

A environ quinze cent mètres, dans la direction suivie par le chemin de terre, il aperçoit le profil de plusieurs bâtiments à demi dissimulés par un bouquet de pins. Ce sont les premières maisons du village de Martillac. En dehors de ces constructions, le paysage est plutôt monotone, les pampres verdoyants des vignes se poursuivent sur plusieurs kilomètres, de part et d’autre de la route. Régulièrement des lignes de végétation plus anarchiques trahissent la présence des fossés de drainage. L’ensemble donne une image de campagne paisible dans laquelle les restes calcinés des automobiles ne semblent pas à leur place.

Après cette courte minute nécessaire afin d'assimiler l’environnement, le commissaire se sent pleinement conscient du drame qui s’est déroulé. Il devine qu’il va connaître des heures difficiles avant de comprendre ce qui a pu se passer. Une chose est certaine c’est qu’il ne s’agit pas d’un accident !

 

*

 

Allant et venant le long des rangées de ceps deux hommes casqués et vêtus de cuir continuent d’inspecter systématiquement le sol.

Bordiga les interpelle :

— En dehors des deux militaires, il n’y pas d’autres victimes ?

— Non commissaire, nous n’avons pas trouvé d’autres corps.

— Qu’est ce qu’il s’est passé à votre avis ?

— Eh bien… Les traces sont celles d’une violente explosion. Sous le choc, la voiture qui stationnait dans le chemin s’est démantibulée. Cela a provoqué l’embrasement instantané du véhicule de gendarmerie.

— Comment ça a pu exploser ?

— Faut voir… Les gars de la police scientifique le diront mieux que nous, mais un cratère comme celui-ci, ça me fait penser à une bombe… Soudain l’homme interrompt ses explications. Euh ! … je crois que le brigadier vous fait signe commissaire…

En se retournant Philip aperçoit le gendarme en train de gesticuler près des voitures.

— Merde ! il ne peut pas sortir avec ma Ford au milieu… Bon sang ! Dites à vos hommes de cesser les recherches. Délimitez la zone des débris et ne touchez plus à rien. Il va falloir aviser. Ça nous dépasse cette affaire.


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12 juin 2009 5 12 /06 /juin /2009 00:03



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11 juin 2009 4 11 /06 /juin /2009 00:03

 

n suivant ses indications, Bordiga arrive rapidement sur les lieux. Il arrête la Ford sur une étroite bande de terre, derrière le fourgon de la gendarmerie. Des hommes s’activent un peu plus loin autour d’un véhicule d’intervention rapide des pompiers. Tout le bazar est parfaitement visible de la route, au beau milieu d’une vigne. Le brigadier de Léognan, qui a vu arriver la voiture, se porte à sa rencontre :


— Bonjour commissaire. Suivez-moi, c’est par-là.

Une odeur de cramé flotte dans l’atmosphère. Elle se renforce au fur et à mesure qu’ils avancent. Les paroles sont longues à venir. L’homme en uniforme rompt enfin le silence :

— L’incendie est éteint à présent, on y voit plus clair.

— La voiture a brûlé ?

Le flic comprend que ce n’est pas une question, juste une façon d’appréhender la réalité.

— Dites plutôt les voitures… Il y en a deux. Ou plutôt il y en avait deux. Ce matin, de bonne heure, le propriétaire de la vigne a signalé à la brigade un véhicule probablement volé abandonné dans sa propriété. Une patrouille est venue sur place pour se rendre compte … Ensuite il y a eu tout ce bordel… en fait ce sont les pompiers qui nous ont prévenus.

 

*

 

Les policiers contournent le 4x4 estampillé 18. Devant un cratère noirci coupant le chemin en deux, la carcasse du véhicule de gendarmerie achève de se consumer. On devine la forme d’une silhouette recroquevillée à la place du conducteur. Le type a été brûlé vif… Ça et là, entre les pieds de vigne arrachés, des morceaux de ferraille calcinés et tordus sont éparpillés. Certains fument encore. Les deux hommes restent sans voix.

 

Un des soldats du feu s’approche. Il dit au brigadier :

— On a trouvé l’autre gars de chez vous ; par là-bas… C’est pas beau à voir.

Le gradé accuse le coup. Il murmure plus qu’il ne dit :

— Quelle merde ! ils étaient si… et merde ! je dois retourner à Léognan. Misère ! Il faut que j’aille annoncer ça à leurs régulières.

Puis il ajoute plus sentencieusement :

— Allons ! s’il vous plaît, à présent vous prendrez vos ordres auprès du commissaire, moi je dois me mettre en route.

Il soupire encore une fois et se retourne en pensant à la lourde tâche qui l’attend.

 

 

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10 juin 2009 3 10 /06 /juin /2009 00:04



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9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 00:04

 

Es-tu déjà allé en pointu ? Attends !  Pas en hauts talons comme un drag-queen d’opérette ou une bayadère de carnaval ! Les pointus dont je te parle ici, ce sont des bateaux de pêche qui ont cours dans tout le golfe du Lion. On les appelle aussi "catalanes" du côté de Collioure. Ce sont de grosses barques de bois entièrement pontées, autrefois gréées pour la voile latine, mais de nos jours, on n’en voit plus que des motorisées.

La barque de Roger fait six mètres de long, ses flancs sont tout peinturlurés de bandes multicolores et sur bâbord on voit le dessin d’un poisson stylisé avec son nom de baptême : « La Girelle. » Roger c’est un Palavasien de longue date qui amène les amis des amis à la pêche quand il est bien luné. Ce jour là il l’était.

 

Il ne faisait pas encore clair quand nous quittâmes le port. Nous franchîmes le cap du môle juste avant que le soleil n’apparaisse brusquement entre le ciel et l’eau. Un spectacle chaque fois si prégnant qu’il met quelques minutes entre deux parenthèses.

En méditerranée occidentale nous avons cette chance de pouvoir savourer les aurores marines. Les océanautes n’ont que des crépuscules à déplorer, des crépuscules pleins de magnificence je te l’accorde, mais qui ne sont rien au regard des ces aubes tragiques, béantes, glacées et borgnes. Ces maîtresses ultimes devant lesquelles on ne peut que courber. D’ailleurs, et tu en conviendras, on trouve à profusion des images de coucher de soleil sur les cartes postales… point de matins. Cela veut bien dire quelque chose.

 

Au rythme du pouf-pouf régulier du diesel et du clapotis des vaguelettes qui naissaient méthodiquement à la proue du navire,  le lieu de pêche était atteint après deux heures de trajet. Roger le retrouvait à l’estime, en alignant des amers de la côte : « Quand le gros nez du château d’eau fait la casquette à la carrière de Villeneuve, alors c’est qu’on est pile sur les rochers. » disait-il.

C’était le moment de débobiner les palangres préalablement garnies de morceaux de couteau gluants et malodorants.

 

Roger n’est pas un pêcheur hauturier, loin s’en faut ! Sa vie il l’a surtout passée sur des vieilles pinasses, à parcourir la lagune posant et relevant de longues nasses où se prennent anguilles, plies, daurades et petits muges. Toutes ces espèces qui viennent régulièrement frayer dans le saumâtre des étangs : celui de l’Arnel, du Prévost… et surtout le plus merveilleux d’entre eux, l’étang de l’Or, sanctuaire des flamants roses.

 

Une fois les lignes de rapport immergées au bout de flotteurs jaune fluo et en attendant qu’elles remplissent leur office, le capitaine nous confiait de courts lancers pour le simple plaisir de la pêche.

Installés sur le bord du bateau contre le vent, nous nous laissions porter par la dérive, déroulant le fil nécessaire de nos moulinets au fur et à mesure du besoin, dans l’attente de la vibration caractéristique qui indiquerait un goulu en train de se prendre au leurre. Nous savions que dans la même seconde, au fin fond de nos cerveaux reptiliens, nous éprouverions cette incoercible jouissance, très primaire, que tout prédateur ressent inexplicablement quand il est sur le point de capturer sa proie.

 

La matinée passait ponctuée de conversations, de plaisanteries, d’invraisemblables histoires de marins d’eau douce racontées avec verve par notre capitaine. La pêche était à peine interrompue par l’incontournable casse-croûte charcutier accompagné de rosé bien frais.

 

Nous remontâmes des profondeurs des prises variées : des petits pageots aux flancs charnus, des sars scintillants, des bogues cagasseux, quelques belles rascasses hérissées de piquants, des poissons pyjamas - dont chaque apparition faisait hurler de rire le vieux Roger - ainsi qu’un gros poulpe hideux qui rejeta incontinent son encre noire sur le pont mille fois lavé.

Vers onze heures la pêche devenait sérieuse avec la remontée des palangres. Si elles étaient bien garnies, à coup sûr il y aurait de la bouille Palavasienne au menu des restaurants du lido !

 

Sur le temps du retour, comme c’était l’usage, le capitaine donnait la barre à diriger. Ce jour là c’était venu à mon tour alors j’ai viré de bord comme un vieux loup de mer et j’ai mis le cap sur le port. Pendant le trajet, le soleil s’étant décidé à taper fort, nous nous comportâmes comme l’auraient fait des gamins dissipés en nous aspergeant mutuellement en abondance avec l’eau de mer puisée dans des seaux, et en riant de très bon cœur.

 

Parfois la vie sait se montrer sous ses meilleurs aspects. J’ai appris que ces moments là sont à ne pas manquer.

Surtout qu’ils ne s’oublient jamais.

 

 

Repêché pour les Impromptus Littéraires


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8 juin 2009 1 08 /06 /juin /2009 00:03



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7 juin 2009 7 07 /06 /juin /2009 00:02

 

e commissaire attrape le combiné. Il écoute son interlocuteur pendant une longue minute sans l’interrompre. Il blêmit.

— Bien. J’arrive sur le champ.

Voyant le visage préoccupé de son supérieur Mayoral demande :

— Qu’est-ce qu’il se passe ?

— Une merde. Qui était de service cette nuit ?

— Stefan et Camille.

Philip réfléchit à toute vitesse.

— Appelle les, ils sont sûrement encore dans les parages. Dit-leur de revenir tout de suite.

Greg est sur le point d’exploser :

— Putain ! Tu vas me dire ce qui se passe !

— Il y a eu un problème avec une patrouille ce matin, un accident de voiture semble-t-il ; un incendie. Un gendarme sur le carreau.

— Putain !

— Débrouille-toi pour faire rappliquer les autres et appelle-moi dès qu’ils sont de retour. Je prends la Ford.

Il farfouille dans le tiroir du bureau pour y trouver le jeu de clés adéquat. L’inspecteur lui demande :

— On prévient pas le Grand Chef ?

— D’Ysembert ? Tu sais où on peut le trouver D’Ysembert le dimanche ?

— Non, tu as raison. Pas le dimanche… le dimanche on sait jamais où il est D’Ysembert…

 

*

 

Philip rejoint rapidement la sortie de la ville par Gradignan. En cette fin du mois de juin les touristes n’ont pas encore débarqué en force, il y a peu de circulation. La route longe d’interminables vignes dont le vert tendre contraste avec celui plus foncé des bouquets de pins maritimes. Mais Bordiga ne regarde pas le paysage. Il pense à ce que lui a raconté le caporal tout à l’heure. Une voiture de patrouille accidentée, incendiée ? Le policier n’a pas été très clair dans ses explications mais puisqu’il y a mort d’homme il y aura nécessairement une enquête approfondie. Autant prendre les devants.

A Léognan, il se gare devant le bâtiment de la gendarmerie. Le policier de faction le reconnaît et lui fait un salut militaire.

— Le brigadier est déjà sur place Monsieur le commissaire.

— Indiquez-moi le chemin

L’homme s’applique à lui décrire l’itinéraire :

— A la sortie du village vous prenez deux fois à droite en direction de Martillac. C’est à trois ou quatre kilomètres.



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6 juin 2009 6 06 /06 /juin /2009 00:03



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5 juin 2009 5 05 /06 /juin /2009 00:02

 

elui qui vient de quitter l’appartement, c’est le commissaire Bordiga. Ce dimanche il est de service, il va donc attendre le bus numéro 9 au bout de l’avenue Charles de Gaulle, bus qui l’amènera directement à deux stations de tram de l’Hôtel de Police. Depuis longtemps il a renoncé à utiliser la voiture pour se rendre à son bureau. C’est vraiment trop pénible de rouler dans Bordeaux, même en dehors des heures de pointe. Malgré cela, un dimanche comme aujourd’hui, il aurait pu circuler sans problème.

Mais ça ne lui fait rien, le temps s’est mis au beau. On est presque en juillet. Ce matin il finira le trajet à pied.

 

*

 

Moins de vingt minutes après avoir quitté son domicile, Philip Bordiga salue le planton à demi statufié devant la casemate réglementaire à l’entrée des bâtiments, puis il rejoint les locaux dévolus à la police criminelle. Grégoire Mayoral, le lieutenant inspecteur chargé de la permanence de jour est déjà sur place, en train de siroter un café.

— Bonjour commissaire !

— Bonjour Greg. Tu as vu l’autre équipe ?

— Tu parles ! Ils ont filé dès qu’ils m’ont aperçu. Pfui ! ils attendaient la relève.

Il mime un geste de magie pour illustrer son propos et répète :

— Pfuiii ! Evaporés !

Philip se débarrasse de sa veste :

— Bin, je les comprends… à par ça, il y a eu quelque chose de particulier cette nuit ?

— Pas à ma connaissance… Je n’ai pas encore regardé la main courante mais apparemment tout est calme.

— C’est dimanche.

Greg saisit la balle au bond, il s’agite et hausse le ton.

— Justement ! … je voulais t’en parler, je trouve que ça revient souvent à mon tour le dimanche ! Quand je pense que je pourrais être avec mes potes à faire de la voile sur le bassin ! Il entreprend de grands gestes en direction de la fenêtre : tu as vu le temps qu’il va faire aujourd’hui ! Ça fait râler de rester enfermé.

— Arrête de rouspéter mon grand. L’astreinte est la même pour tout le monde. Quand tu seras commissaire tu pourras organiser les permanences à ta guise.

— Quand je serai commissaire… quand je serai commissaire , c’est pas demain la veille…

Le téléphone l’empêche d’aggraver ses grommellements. Il s’empresse de décrocher :

— Police criminelle ! Inspecteur Mayoral à l’appareil ! Je vous écoute ! … Voui !… Il est là… je vous le passe.

Bordiga l’interroge du regard et de la voix

— C’est qui ?

— C’est la brigade de Léognan.


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3 juin 2009 3 03 /06 /juin /2009 00:03



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