rès attentif aux explications, d’Ysembert a suivi le cheminement de la pensée du commissaire.
— C’est extrêmement troublant Bordiga. Je crois bien que vous avez mis le doigt sur quelque chose de pas banal.
Philip enfonce le clou.
— Pour moi, il n’y a pas de doute. On a affaire à un tueur en série.
Greg fait une remarque judicieuse.
— Mis à part la salade, le menu est bouclé. Il faut tout mettre en œuvre pour retrouver ce type avant qu’il finisse le boulot.
Ann s’interroge.
— Un cœur de frisée aux pignons, qu’est-ce ça veut dire ? Je veux bien que ce type soit détraqué mais il ne va quand même pas prélever un organe sur une femme pour satisfaire sa folie meurtrière !
—Avec ce genre de dingue on peut s’attendre à tout rétorque Romuald
Philip fait un geste de la main.
— Pas tous en même temps ! Il faut organiser le travail et déterminer les priorités. Le plus important dans l’immédiat c’est de contrer l’assassin pour l’empêcher de passer à l’acte une quatrième fois.
D’Ysembert soupire gravement.
— Il a peut-être déjà commis son crime… Je pense à la fillette qui a disparu à Maubuisson. Le Procureur m’a confié qu'il allait saisir le juge d'instruction pour enlèvement et séquestration de moins de quinze ans.
Romuald réagit avec fougue.
— Nous y avons pensé Chef, mais la gamine n’a pas le profil. J’ai obtenu une photo, elle n’est pas frisée.
Soudain Philip se sent mal à l’aise. Il se remémore ce que lui a dit le gendarme un peu plus tôt dans l’après-midi.
— Bon Dieu ! Bien sûr qu’elle l’est ! …
— Mais non ! insiste Romuald. Souviens-toi de son portrait, elle a des cheveux raides de chez raide !
— Oui, mais elle est de nationalité allemande… J’ai appris ce matin que ses parents avaient fait venir un privé de Düsseldorf. C’est en Allemagne ! Notre assassin aime jouer avec les mots : pendant la guerre on appelait les chleuhs, les fridolins, les boches, les doryphores… ou les frisés !
Tous sont désappointés. Greg remarque opportunément :
— Mais alors pourquoi n’a-t-on pas retrouvé le corps ? Jusqu’à présent le cinglé a fait en sorte que ses abominations soient rapidement découvertes.
— A mon idée, répond Philip, les deux crimes ont eu lieu dans le même secteur. J’ai remarqué qu’autour du lac de Carcans, la forêt est constituée de pins pignons.
D’Ysembert prend un ton directif.
— Si vous avez raison, il faut retrouver la fillette. On va mobiliser les grands moyens pour passer la forêt au peigne fin. Je m’occupe de réquisitionner du monde. Vous, Bordiga, mettez le paquet pour identifier le meurtrier. Vous aurez les conclusions de la brigade anti-terroriste que vous m’avez demandées avant ce soir. Tenez-moi au courant de vos progrès.
Le Chef se lève lourdement puis il quitte la pièce avec sa gueule des mauvais jours
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