ans se presser Philip retourne à la gendarmerie de Léognan. Un camion grue à plateau et une ambulance aux vitres teintées empêchent l’accès au parking. Il se gare un peu plus loin et prend soin de verrouiller les portières de sa voiture en pensant que si par malheur on lui volait la Laguna, Greg le lui rappellerait dix fois par jour pendant au moins cent ans.
Le commissaire reconnaît le légiste qui fait les cent pas sur le parking.
— Salut Karpov !
— Oh ! Philip ! Ça va ?
— Bof ! on a vu de meilleurs dimanches. On n’a plus rien à faire ici, c’est Paris qui prend l’enquête en main.
— Je sais. Je les attends. On m’a dit de rester à disposition. Comment ça se présente sur le terrain ?
— Tu verras. C’est pas joli joli… il y a un gendarme pour ainsi dire calciné dans la voiture quant à l’autre, on l’a retrouvé en plusieurs morceaux.
— Putain de naze ! C’était pas le bon jour pour mettre les perdreaux dehors ce matin !
— Ouais… Jeannot est sur place. Il m’a dit qu’il voulait voir la section spéciale au travail. A mon avis il va se faire virer en moins de deux. Le brigadier est dans le coin ?
— Euh !… je crois qu’il est allé chercher les types de Paris à l’aérodrome de Saucat..
Les deux hommes entrent ensemble dans les locaux de la gendarmerie. Philip demande qu’on lui prête un bureau pour y écrire son rapport. Il y a plusieurs ordinateurs disponibles mais il préfère l’établir à la main. Il tapera ça plus tard sur sa propre machine. Il demande également qu’on lui fasse une copie du procès-verbal de gendarmerie ainsi que de celui des sapeurs-pompiers.
Il n'est pas loin de midi quand il termine le compte rendu de la matinée. Il en fait un duplicata qu’il dépose au bureau du permanencier.
— Voila le topo pour les parisiens. Puisqu’ils reprennent l’enquête je retourne en ville.
— Bien Monsieur le commissaire. Je transmettrai.
Le gendarme porte mollement la main à son képi. A cause des collègues restés sur le carreau, l’atmosphère est pesante à la brigade. Philip ne peut pas s’empêcher de ressentir de la compassion mais il ne parvient pas à l’exprimer. D’un geste il salue Karpov qui bat la semelle dans le couloir puis il se retrouve à l’extérieur.
En quelques seconde le soleil gomme ses états d’âme. Il prend le temps de respirer à fond avant d’aller récupérer la voiture et de rentrer directement à Bordeaux.