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5 juillet 2008 6 05 /07 /juillet /2008 17:57



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4 juillet 2008 5 04 /07 /juillet /2008 18:30

 
Ce n’était pas exactement la 66 que suivait le convoi spirituel du révérend Josh Turnbull, mais une route quasiment parallèle qui traversait l’Ohio et le Kentucky avant d’arriver à Memphis, la ville de destination finale, tout au fond du Tennessee. Ce long voyage pour semer la bonne parole de ville en ville, de bourg en bourg, avec une étape chaque soir dans des salles toujours bondées de fidèles, avides des prêches enflammés et pétulants, allant en s’exaltant progressivement et gagnant en ferveur enthousiaste au fur et à mesure de la descente dans le Sud.

 

Rod n’aurait pu espérer meilleure école pour rencontrer l’Amérique profonde et les Américains dans toute leur diversité, dans leurs engagements tellement absolus mais aussi dans leurs étonnantes contradictions. Il comprit vite que les réunions auxquelles il assistait chaque soir (il en était devenu accro dés le premier jour) étaient méticuleusement organisées. Un véritable business.

Comme pour annoncer l’arrivée d’un cirque, la publicité précédait le révérend 48 heures avant les rassemblements. Son nom était assez connu dans tout le territoire pour qu’à lui seul il attire les foules.

 

Le reste c’était le talent. Celui de Josh Turnbull, un orateur infiniment doué. Une parole qui enfiévrait les auditoires, des mots puissants comme des projectiles s’échappant de sa bouche avec d’invraisemblables intonations. Du grand art !

Rod réapprenait avantageusement la langue par ce biais. En quelques jours il avait fait plus de progrès en anglais qu’en six mois passés au Canada ! (Quoiqu’il est vrai qu’avec Wendy il causait plus souvent en français qu’en anglais.)

 

Dayton, Cincinnati, Louisville, Bowling-Green, Nashville, Jackson… et encore quelques villes moins importantes par la taille mais sûrement pas par l’esprit. Chaque journée passée ne ressemblait à aucune autre.

Rod était payé chaque soir avec un des billets qu’avait rapporté la quête. Quelquefois Josh le conviait à dîner au restaurant. Alors la parole devenait libre, l’homme de Dieu racontait avec passion des pans de sa vie, il parlait des territoires qu’il arpentait sans relâche. En même temps qu’il s’exprimait il mangeait pour ne pas dire qu’il se goinfrait. Et au moment de se lever de table, après s’être rasséréné il se soulevait de son siège et lâchait un pet de satisfaction en disant : « Les nourritures terrestres mon fils ! Elles comptent tout autant que les nourritures spirituelles ! » Sans se soucier de l’effet déplorable de son ignoble ponctuation il ajoutait :
« Et demain ? Où allons nous porter la bonne parole, dites-moi ? »

 

La caravane roulait souvent durant la nuit, les conducteurs se relayaient pour accomplir les longs déplacements dans les délais impartis. Pour ce qui concernait son statut d’irrégulier, jamais Rod ne fut inquiété par les policiers. L’autorité qui primait ici-bas était celle du prédicateur. Les malheureux qui s’aventuraient à contrôler le convoi ou les papiers des voyageurs, s’exposaient à un sermon interminable qui suffisait à décourager les plus zélés des good ou des bad cops.  

 

L’apothéose du voyage fut l’arrivée à Memphis, la ville de naissance du pasteur où il reçut  un accueil phénoménal.

 

C’était le terminus pour Rod. Mais avec quelques centaines de dollars en poche il se sentait fringant comme un roi de carreau dans la main heureuse d’un flambeur de Las Vegas. La voie s’ouvrait devant lui, à l’ouest. Cette fois il savait où il allait : Route 66.  

 

 

 (à suivre ?)

 

Rod Story est un nouvel exercice de co-écriture que nous avons entrepris avec Selva.

(Lien vers le blog de Selva)

 


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3 juillet 2008 4 03 /07 /juillet /2008 00:03



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2 juillet 2008 3 02 /07 /juillet /2008 17:34






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1 juillet 2008 2 01 /07 /juillet /2008 10:54



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30 juin 2008 1 30 /06 /juin /2008 18:00

La semaine venait de se terminer par une idée lumineuse : compte tenu de la promotion de mon collègue de bureau, si j’obtenais de mon directeur d’avancer mes congés de huit jours je serais libre le soir même, ainsi dès dimanche je pourrais m’échapper à la campagne.

Ça ne me gênait nullement de prendre mes vacances plus tôt car je savais où aller. En effet, depuis plus de quinze ans, chaque été je consacre une ou deux semaine de mon temps libre à une association archéologique du haut Quercy.

 

Je suis tombé là-dedans par hasard : à cause d’une nana qui m’avait une première fois convaincu de l’accompagner sur un chantier de fouilles à Vayrac (Lot), à titre bénévole. J’avais tout de suite accepté en pensant à d’autres fouilles plus terre à terre que j’avais l’intention d’entreprendre sur elle, et pour lesquelles j’étais d’ailleurs arrivé à mes fins, mais ceci ne fait pas l’objet de l’histoire que j’ai dans l’idée de vous raconter aujourd’hui.

N’empêche que cette expérience m’avait ouvert grand les yeux pour l’intérêt de l’archéologie en général et de la paléontologie en particulier.

 

D’abord, comme tout un chacun, j’avais rêvé de devenir célèbre en mettant au jour un véritable anthropopithèque puis, naturellement, j’étais revenu à la raison. Ainsi, à force de déplacer des mètres cubes de déblais sur d’autres mètres cubes de déblais, il ne m’aura fallu que quelques saisons pour devenir un amateur éclairé de  proto et de préhistoire.

Dès lors, bien que la fille qui ait éveillé mon goût pour ce sujet se soit depuis longtemps évaporée à l’horizon de mes souvenirs, je suis toujours resté fidèle à cette association dans laquelle j’ai même été amené à assumer quelques responsabilités.


*
 

Or donc, quand le jour venu je débarquais avec mon attirail de campeur près du chantier de fouilles, j’étais hyper content de retrouver les équipiers du moment. La plupart étant des étudiants venus des quatre coins d’Europe qui réalisaient en ce lieu un de ces stages nécessaire à l’accomplissement de leur cursus universitaire, joignant l’utile à l’agréable.

Moi-même, au fur et à mesure des saisons que je passais à Vayrac, je m’étais organisé pour rendre mon séjour le plus confortable possible, ajoutant chaque fois une amélioration à mon équipement. D’autant plus qu’à l’époque je voyageais accompagné de mon vieux chat - trop attaché à ma pratique pour que je le confie à quiconque - qui avait pris ses habitudes estivales dans ce méandre de la Dordogne où nous tenions le campement.

 

Au moment où j’arrivai plusieurs équipes s’étaient déjà succédées, (le chantier débutait au mois de juin) et l’une d’elle avait dégagé un nouvel accès au kjökkenmödding que nous avions localisé un peu plus loin, l’année précédente. Vous n’imaginez pas tout ce qu’on peut trouver d’intéressant dans un kjökkenmödding ! Mais d’abord je vous explique de quoi il s’agit : c’est un mot qui vient du danois, il définit un amas de débris ménagers protohistorique. En d’autres termes c’est un dépôt d’ordures de l’ancien temps !

Ça faisait deux ans que nous grattions dans cette immense décharge enfouie sous une épaisse couche de sédiments dans le but de récupérer un maximum de renseignements. Eh oui ! C’est aussi le  travail de l’archéologue de faire les poubelles ! Et ça arrive plus souvent qu’on ne croit, plus couramment en tout cas que de mettre la main sur une sépulture miraculeusement préservée abritant un précieux mobilier.

 

En saison, sous la houlette de Guilhem Bellac, qui est à la fois notre amphitryon et le responsable diplômé du chantier, une douzaine de paires de bras s’activent chaque jour, y compris le dimanche, le long des strates de terre grise et des éboulis de graviers.

Le gisement gallo-romain qui se trouve là est composé de toutes sortes de débris, éclats de poteries, pointes de flèches émoussées, fragments d’ossements animaux. On y trouve régulièrement des empilements plus ou moins homogènes de coquilles d’huîtres en quantités industrielles. On y a également exhumé quelques dizaines de monnaies de bronze et des morceaux d’amphores assez bien conservés dont les détails préservés sont suffisamment explicites pour permettre des datations satisfaisantes.

Mais je ne vais pas vous entraîner dans les détails techniques de nos travaux ; d’autant plus que je ne parviens pas à me souvenir d’un quelconque événement qui se serait déroulé précisément à telle ou telle date, car j’ai tendance à confondre les nombreux étés passés en bonne compagnie.

 

Toutefois, en relisant des notes je retrouve quelques repères : en effet, nous avons coutume de donner des noms - plus simples à retenir que les références alphanumériques conventionnelles - à nos plus belles découvertes. Cet été là, nous avions mis au jour un remarquable torque de facture romaine associé à une sépulture, que nous avions baptisé "le Nino" en hommage à Nino Ferrer, parce que nous avions appris qu’il s’était donné la mort le jour même de notre trouvaille, non loin de cet endroit où nous faisons les fouilles. C’est en me remémorant cet événement que s’est déclenchée, de fil en aiguille, la remontée des souvenirs comme par enchantement.

C’était en été 98.

 

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Texte exhumé et fouillé pour les Impromptus Littéraires


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29 juin 2008 7 29 /06 /juin /2008 11:04



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28 juin 2008 6 28 /06 /juin /2008 11:18



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27 juin 2008 5 27 /06 /juin /2008 01:59



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25 juin 2008 3 25 /06 /juin /2008 15:34



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