e client du café ne daignant pas le renseigner, Philip interroge le patron du regard. Celui-ci se met à rire de bon cœur.
— Ne faites pas attention, ces deux là, ils sont fâchés depuis si longtemps qu’ils ne savent même plus où ils habitent ! Pour aller chez Cassini, c’est pas compliqué. Vous retournez vers la sortie du village et c’est-y à droite, vous ne pouvez pas vous tromper, c’est la dernière maison vieille. Elle a des volets verts.
Philip sort un billet de cinq de sa poche.
— Merci. Tenez, faites-moi un café bien serré.
Le commissaire parcourt à pied la centaine de mètres qui le sépare de l’extrémité de la rue principale. L’expresso qu’il vient d’avaler lui a donné du cœur au ventre. Il repère la bâtisse qu’on vient de lui décrire et s’avance dans une cour carrée. Une femme mal fagotée est en train d’étendre sa lessive.
— Madame !
Comme elle ne réagit pas l’inspecteur se rapproche en se raclant la gorge.
— Madame ! S’il vous plaît !
Subitement la femme fait volte-face laissant échapper d’une panière d’osier des linges qu’elle s’apprêtait à mettre à sécher.
— Oh ! vous m’avez fait peur !
— Excusez-moi Madame, je me suis manifesté mais vous ne m’avez pas entendu.
— J’étais dans la lune. Vous m’avez fait une belle frayeur.
Confus, Philip ramasse un torchon tombé à terre et le lui tend.
— Je suis désolé.
Rassurée de la sollicitude du visiteur la bonne femme fait l’effort d’un sourire :
— Ce n’est pas bien grave, vous m’avez surprise. Elle secoue le bout de tissu… Zut ! il est bon à relaver celui-ci. Il y a tant de poussière dans cette cour. Puis s’interrogeant sur la présence de l’homme : Vous cherchez quelque chose ?
— Je voudrais voir Monsieur Cassini.
— Ah ! mais il est sorti aujourd’hui. Il est parti à Auch de bonne heure avec Madame. Ils seront absents toute la journée.
Bordiga fronce les sourcils. Cette affaire commence bizarrement. Par quel bout va-t-il prendre l’enquête ? Pour le moment il n’en a aucune idée. D’un geste il salue aimablement la lavandière
— Ça ne fait rien. Je le verrai une autre fois. Excusez-moi pour le dérangement Madame, passez un bon dimanche.
— Y-a pas de mal Monsieur… bon dimanche à vous aussi.