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28 juin 2009 7 28 /06 /juin /2009 00:04

 

ur ces entrefaites, Philip rejoint la Laguna et il fait la manœuvre pour s’engager sur la route qui mène à Martillac. En fait, le village est tout proche. Pas plus de deux kilomètres en ligne droite. Il trouve à se garer sur la petite place de l’église justement en train de sonner l’appel des fidèles à la messe du dimanche. Quelques femmes se pressent pour se rendre à l’office.

 

Le policier pousse la porte de l’unique café et il salue la compagnie.

— Messieurs bonjour ! … Commissaire Bordiga de la police de Bordeaux. J’enquête à propos de l’accident qui a eu lieu ce matin non loin d’ici. Quelqu’un a-t-il vu quelque chose ?

Les clients accoudés au comptoir se jettent des coups d’œil. Dans la salle, un type sans âge assis devant un ballon de rouge marmonne entre ses dents.

— Ça a pété, ça a cramé puis les pompiers sont arrivés. J’ai tout vu depuis chez moi.

Philip s’approche de la table où se tient l’homme qui vient de s’exprimer. Il a tout l’air d’un vigneron, son visage est couperosé et son front dégarni tanné de soleil.

— C’était vers quelle heure ?

— Sept heures.

— Vous dites que ça a pété. Ça a fait du bruit ?

— Dame ! un gros bang, comme leurs avions…

Derrière le comptoir le patron confirme.

— C’est-y vrai. Y-a eu un sacré boucan ce matin. Même que j’ai dit à ma femme qu’ils faisaient des essais le dimanche maintenant !

— Des essais ? Demande Bordiga. Quels essais ?

— Bé ! à Saucat. A l’aérodrome militaire.

Le commissaire reformule sa question mais cette fois en s’adressant au mastroquet.

— Vous-vous souvenez de l’heure ?

— Un peu avant sept heures. J’étais encore en haut et j’ouvre le rideau à sept heures. C’était pas un jet alors ?

Tentant de satisfaire la curiosité de son auditoire Bordiga s’emmêle en ne voulant pas trop en dire :

— Non, ça vient d’une bagnole… à la sortie du village. Euh…  Elle a brûlé. L’incendie a fait exploser le réservoir d’essence.

Le vieux qui a été témoin de la scène proteste.

— Sûrement pas ! Ça a pété d’abord. Y-a eu de longues flammes claires comme aspirées vers le haut. Et seulement après une fumée noire et épaisse. J’ai tout vu… Ça cramait fort quand les pompiers sont arrivés.

— C’est vous qui les avez prévenus ?

— Sûrement pas… Faut voir si ça serait pas le Cassini qui les aurait téléphoné. Il ricane et ajoute : la vigne c’est une pièce à lui.

— Où on peut le trouver ?

— Ah ! ça ! ...

Le type a un sourire sardonique comme s’il était bien content d’avoir balancé le nom de Cassini dans une affaire de police. Soudain, pour signaler que l’entretien a assez duré, il détourne le regard, porte son verre à ses lèvres et boit une courte gorgée.

Le commissaire  insiste :

— Il habite où ce Cassini ?

Mais rien à faire, il n’obtient qu’une réponse sibylline, à peine marmonnée :

— Bon Dieu ! … Qui le sait ? …


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